Il l’avait fait exprès. Ce n’était pas possible autrement, il en aurait mis sa main au feu. Si Ryan c’était assis à côté de lui sur ce banc, ce n’était pas anodin, et pourtant lui comme un idiot c’était levé pour aller se changer plus loin à partir du moment où le blond avait ôté son haut. Les paroles de Chris de la nuit dernière lui revinrent alors en tête, quand son meilleur ami lui avait demandé « C’est quoi le problème avec Ryan ? » il avait compris qu’il n’était pas aussi discret qu’il ne le pensait et que la plupart des gens avaient dû remarquer qu’il prenait soin d’éviter Ryan, le concerné en premier. Et ça ne lui plaisait pas, vraiment, il aurait voulu éviter ça et assurer qu’il n’y avait aucun problème, le problème c’était lui, ce n’était pas celui qu’on surnommait « l’homo de la classe ».

Bref il en était là, à s’être levé un peu maladroitement pour se changer plus loin et à se demander pourquoi il avait fait ça. Ne pouvait-il pas rester simplement assis et regarder ailleurs plutôt que de continuer à nourrir les fausses idées qu’avaient les gens ? A partir du moment où ses jambes tremblantes l’avaient mis debout il avait regretté ce geste mais il l’avait conduit jusqu’au bout en se maudissant. Sauf qu’il ne pouvait pas rester et risquer de ressentir cette bouffé de chaleur qui mêlait honte et désir dès que des idées lui venaient en tête, mais Ryan n’était pas dans sa tête et il ne pouvait définitivement pas le comprendre. Ce n’était tout simplement pas normal de ressentir ça. Son cœur battait donc à toute allure alors qu’il fixait le mur en face de lui en se changeant, se dépêchant avant de sortir du vestiaire alors qu’il réajustait nerveusement ses lunettes.

Le reste du cours de sport se déroula comme à son habitude, la moitié du temps Blake resta assis sur le banc de touche en compagnie de Karissa Jones. Il faisait froid, ils étaient gelé, mais la jeune fille lui changea les idées et ils trouvèrent comment occuper leurs temps en discutant et plaisantant sur divers sujet, inventant aussi des petits jeux un peu idiot pour tenter d’oublier qu’ils étaient frigorifié.

Le cours se termina et Blake retrouva enfin Chris. L’histoire qui s’était tramé un peu plus tôt entre lui et Ryan restait cependant quelque part dans sa tête, imperturbable. Il s’en voulait énormément et sentait bizarrement que cette fois ci serait peut-être la fois de trop. Mais il tentait de l’oublier à tout prix, enchainant les plaisanteries avec Chris jusqu’au moment où celui-ci se rappela avoir un rendez-vous avec la conseillère d’orientation. Blake se proposa pour l’accompagné mais son meilleur ami suggéra qu’il l’attende dans le foyer, dans la mesure où il ne savait pas combien de temps le dit rendez-vous durait… C’est donc seul que le blondinet se dirigea vers la grande salle déjà occupé par quelques étudiants, il posa son sac à terre et s’assit commodément dans un des sièges de la pièce miraculeusement libre. Et maintenant ? Sans rire, Blake était toujours un peu perdu sans son meilleur ami. La dérangeante solitude n’était pas de très bonne compagnie, et il ne supportait pas les regards qui sous entendait ‘regarde, il est seul’. Plongeant donc ses mains dans son sac, il en extirpa un bouquin qu’il fit semblant de consulter. Tournant sans convictions les pages, il ne savait pas combien de temps il s’était écoulé entre ce moment et celui ou son portable vibra. Extirpant son téléphone de sa poche, c’était un sms d’un numéro inconnu signé cependant par Chris. Sms qui le laissa perplexe. Qu’est-ce que c’était que cette histoire ? Il y avait un code derrière ça ? Après effectivement le portable de Chris n’avait plus de batterie, en sortant de la salle son meilleur ami avait lancé à voix haute qu’il était trop bête d’avoir laissé la musique allumé.

Il y avait quand même un truc bizarre dans ce message… C’était peut-être un prétexte ou une blague ? Haussant les épaules, Blake se leva tout de même, rangea son bouquin et balança le poids de son sac derrière son épaule avant de rejoindre la bibliothèque. Finalement le rendez-vous de Chris n’avait pas duré si longtemps, en sortant il avait dû croiser Derek qui lui avait demandé ou Blake se trouvait pour lui parler et puis finalement… Il lui avait envoyé ça.

Le binoclard passa le cadrant de la porte. La bibliothèque avait une atmosphère toute particulière en ce jour de temps gris. La lumière était plus importante et donnait un aspect confiné à la salle mais presque dérengeant aussi, alors qu’on voyait à travers les larges vitres la cours de l’école vidé des tout élèves. Il avait même commencé à pleuvoir. La grande silhouette de Blake tacha donc de traverser les rayons à la recherche de son meilleur ami, mais rien, toujours rien, jusqu’à arriver au dernier rayon, celui qui était réputé pour n’être jamais consulté… Et la, il compris.

Si j'aurais su j'aurais pas v'nu.

Bref, il se trouvait donc dans la délicate situation qu’il tentait d’éviter depuis des mois. Le redouté face à face avec Ryan Wade avait sonné, le temps des explications avec, et la pas d’échappatoire possible. Bien. De toute manière ça devait arriver, non ? Seulement il n’était pas sûr d’y être très bien préparé, et comme à chaque situation qui lui échappait des mains il se sentait tout à fait nerveux et mal à l’aise. Il aurait pu associer le sentiment qui l’habitait avec ce qu’il ressentait quand il entrait en conflit et que quelqu’un lui criait dessus. La, Ryan était tout à fait calme, mais à l’intérieur de lui il devait bouillonner. Prenant sa respiration Blake réuni vite ses idées et attendit que le blond prenne la parole, ne reculant pas quand ce dernier s’approcha, enfin pas tout à fait… Il sentit sa jambe flancher un peu en tentant de reculer d’un pas même si il savait qu’il était pris au piège. Dans sa poitrine les battements de son cœur continuaient à s’accélérer, nerveusement il remit la lanière de son sac sur son épaule sans oser vraiment regarder Ryan dans les yeux. Ryan qui finit donc par prendre la parole…

- Attend, quoi… ?

C’était la seule chose qui lui vint à l’esprit quand Ryan eu terminé sa première tirade. Déjà il avait l’impression dans se retrouver dans une série ou l’inspecteur venait de coincer son fugitif, le blond avait une drôle de manière de présenter les choses et Blake aurait peut-être pu en rire si il ne se sentait pas si mal à l’heure actuelle. Pour le geek qui avait énormément de mal à aligner deux idées cohérente à la suite, ça le surprenait tout le temps d’entendre quelqu’un qui parlait admirablement bien, pour tout dire il enviait même ces gens… Mais ce n’était pas le sujet. Ryan était quand même tordu d’avoir manigancer tout ça, sur le coup il ne savait pas si il était carrément flippé ou admiratif.

- T’aurais quand même pu faire plus simple non ? Enfin tu sais genre m’attraper dans un couloir ou bien… Voilà…

Au fur et à mesure qu’il parlait le ton de sa voix avait diminué. De un parce qu’il n’était pas en position pour plaisanter, et de deux Ryan s’approchait dangereusement de lui et son regard le mettait particulièrement mal à l’aise. Il était maintenant tout prêt de lui et quand Blake tenta de nouveau de reculer, (plus par mécanisme que par fuite, il aimait qu’on respecte sa ‘bulle’ et qu’on tienne ses distances), sauf qu'il se cogna à l’étagère de bouquin derrière lui. Génial.

Blake était plus grand que Ryan, a vrai dire à y penser il devait être le plus grand de la classe, et pourtant il se sentait totalement écrasé par le blond et le poids de son regard. Le binoclard restait cramponné à la lanière de son sac, jetait des coups d’œil aux deux bout de l’allée comme pour s’assurer que personne ne viendrait à leur rencontre. Il tenta vainement de soutenir le regard de Ryan avant d’émettre un petit rire nerveux, de soupirer et de remettre ses lunettes en place.

- Ryan j’ai rien contre toi je t’assure.

Il fallait qu’il mette les choses aux clairs, mais est ce qu’il le croirait et le laisserais si facilement tranquille ? Pas sûr.

- Et je suis désolé de te donner l’impression de t’éviter, mais je te jure que je te respecte beaucoup. Ça te parait surement bizarre, mais crois-moi c’est la vérité.

Ne pas le regarder, ne pas risquer d’être tenté d’en dire trop, surtout pas. Il ne savait pas bien pourquoi mais il avait l’impression que dans cette conversation il pourrait se mettre à pleurer d’un moment ou d’un autre, ce qui en soit était totalement stupide. Il ne pouvait être sincère et balancer à Ryan « Je suis peut être gay ». La simple pensé de le dire à haute voix à quelqu’un lui paraissait impossible. Relevant timidement les yeux vers Ryan, il priait maintenant pour qu’il n’aille pas le titiller, car si il tentait quoi que ce soit… Blake ne savait vraiment pas comme il allait réagir.

Ryan riait et c’était bien le seul dans l’affaire. Même si il riait jaune… Et combien il pouvait le comprendre. Le blond devait détester Blake, le prendre pour un homophobe de première, un pauvre type qui se permettait de juger sur les préférences sexuelles d’autrui. Comment lui faire comprendre qu’il se trompait complétement ? Les mains moites du binoclard trituraient la lanière de son sac toujours aussi nerveusement et sa gorge était complétement noué. A mesure que Ryan s’approchait, Blake sentait le danger imminent, mais c’était quoi aussi tout ce cinéma pour si peu ? Il avait limite l’impression que tout avait été mis en scène, que tout n’était pas vraiment ‘naturel’ et avec l’atmosphère plus que pesante de cette salle… C’était plus que désagréable. Il voulait tellement éviter le conflit, apaiser cette situation, faire comprendre à Ryan qu’il était sincère quand il disait qu’il le respectait, oui mais comment ?

Ryan perdait patience, ça se lisait dans sa voix. Il était blessé et Blake ne pouvait de nouveau que le concevoir, sauf que c’était bien gentil de concevoir toute les conneries qu’on avait causé, encore fallait-il les assumer et les arranger aussi. Si bien qu’au moment où Ryan lança ironiquement qu’il pouvait le traiter de parano, la seule chose qu’il réussit à répondre fut un faible.

- Non…

Et tout d’un coup, Blake se mit soudainement à considérer la possibilité de dire la vérité à Ryan. Sauf que quelque chose en lui se déchirait rien qu’à l’idée de le formuler, de dire à quelqu’un d’autre ce qu’il lui pesait sur la conscience. Et puis pourquoi à Ryan ? Il ne connaissait rien de lui, il pourrait très bien aller crier sous tous les toits ce qu’il allait lui confier au final. Et il ne le supporterait pas. Cependant quelque chose lui disait que le blond ne ferait pas ça, peut-être la naïveté, mais "l'homo de la classe" avait du passer par la aussi non ? Comment s’était-il mis à l’évidence que pour lui il n’y avait que les garçons qui comptaient ? Est-ce qu’il avait douté comme lui ? Ou cela c’était imposé comme quelque chose d’inévitable ? Comment avait il réussit à assumer, comment ses proches avaient ils réagis, comment arrivait il à vivre avec l’idée qu’il était ‘différent’ ? A chaque respiration Blake se disait « Je vais poser la question. » « Je vais le faire. » et il reculait à chaque fois, le souffle saccadé avec cette furieuse envie de fondre en larme pour enfin délivrer ce qu’il retenait depuis trop longtemps en lui.

Non, mais non je ne le suis pas !

Pensa t’il en mordant sa lèvre inférieur et baissant la tête, posant une seconde sa main sur son front avant de souffler bruyamment puis de s’immobiliser totalement. Ryan venait de poser son doigt sur sa bouche comme pour l’invité à se taire et à écouter. Impossible de fuit son regard alors. Le garçon était tellement proche que leurs souffle était mêlé, tellement prêt qu’il pouvait le sentir contre lui, et tout cela participa à le mettre dans le plus grand embarra. Une fois que Ryan eu finit, ce dernier attrapa ses lunettes et les jeta au sol. Bien, maintenant il n’y voyait plus rien, parfait. Ça servait à quoi ça ? Enfin si, il ne voyait plus que ce qui était relativement proche de lui, et dans le cas présent, le visage de Ryan…

- Ryan j’ai pas besoin de toi pour me détester, crois-moi.

Lança-t-il ave un rictus amer, et… C’était quoi ça ? Ses yeux le piquaient étrangement, non… Non un peu de dignité que diable, il fallait pas qu’il se mette à pleurer comme un con. Mais c’était juste insoutenable.

- T’es tellement loin d’avoir compris le truc, sérieusement… !

Continua-t-il d’une voix ridiculement chevrotante. Il allait comprendre à demi-mot non ? Bordel il allait bien voir qu’il n’avait rien contre lui, au contraire ? Alors maintenant est ce qu’il allait avoir le courage de le dire ? Une petite voix le poussait à foncer mais quelque chose le retenait, comme toujours. Combien de temps il allait encore tenir comme ça ?

Je venais de jeter les lunettes de Blake par terre. Je ne voulais aucun obstacle pour me déranger lorsque j'irai violer ses lèvres et le 'salir' à vie. Je préparai mes mots suivants, les derniers avant de passer aux choses sérieuses, quand sa voix s'éleva à nouveau entre nous, cassée, meurtrie. Je pouvais le croire, il n'avait pas besoin de moi pour se détester. J'en restai bouche bée. Quelque chose ne collait plus à présent. Son expression vînt conforter mon impression. Il ne réagissait pas comme un homophobe qui était sur le point de se faire prendre par un mec. Non et Blake le soulignait j'étais à l'opposé de la vérité. Je me serai trompé?? Il ne serai pas homophobe?? Je l'aurai torturé alors qu'il était innocent?? Je ne pouvais croire une telle chose. Je ne pouvais pas avoir fais une si grosse erreur!!
C'était à moi de me sentir désemparé et perdu. Blake, s'il était innocent, avait tôt de même vu de quoi j'étais capable. Je perdai tout le contrôle de la situation. Il fallait que je vérifie que je comprenne. Tout cela était trop complique et contraignant. Je saisissai alors ses poignets, lui demandant agacé voir même énervé:

"Tu penses que j'ai rien compris?? Ben explique moi alors de quoi il en retourne! Vas y je t'écoute!"

J'attendais une explication mais pas certain de l'obtenir, je sentais que je perdai les pédales. Il ne disais rien, se mordant les lèvres. Je devenais fou. S'il ne s'expliquait pas dans les 5 secondes je ne donnerai plus cher de lui dans pesé minutes à venir.
1...2...3...5! J'avais atteint ma limite. Je lachai ses poignets, le repoussant brutalement contre l'étagère en me collant à lui. Je lachai sur un ton froid et dégoûté:

"Tu penses peut être que les gays sont que de gros degeulasses pervers??! Je vais te donner un aperçu de ce que tu crois que c'est dans ce cas!"

Joignant la pratique à la théorie j'envoyai son sac valser plus loin, afin de disposer tout simplement celui. Je passai rapidement mes mains sous son pull, une qui remontait le long de son dos, l'autre qui soulevait son pull doucement, fendant son torse. J'avais légèrement pété un câble mais j'étais encore trop en colère pour me rendre compte de la gravité de mes actes. Pourtant je n'allais pas tarder à le regretter amèrement. Je n'accordai plus le moindre regard à son expression, décidé à lui faire payer une Hope dont il n'était pas responsable.

Il n’avait rien compris. Il n’avait définitivement rien compris. Personne d’ailleurs ne l’avait saisis, c’est bizarre… Tout le monde avait pensé qu’il était gêné par l’homosexualité de Ryan, personne n’avait supposé que c’était parce qu’il avait des doutes sur sa propre orientation. Les gens finalement n’allait pas voir très loin, il ne voyait que ce qu’ils voulaient voir et allait au plus simple. Mais dans un sens qu’aurait-il fait si quelqu’un l’avait percé à jour ? Il aurait nié en bloc. Bien que sa vision soit dorénavant trouble, Blake cru percevoir tout de même un changement dans le regard de Ryan. Il avait espéré un instant qu’il ait compris, avant de se surprendre à espérer le contraire au bout du compte, c’est quand le blond perdis définitivement patience en attrapant ses poignets et en haussant le ton qu’il comprit qu’il n’avait toujours pas saisis.

Bientôt il l’interrogea, donc, lui demandant d’être plus clair. Impossible. Dans son esprit il tentait de préparer une explication, le pourquoi du comment en se laissant une porte de secours au cas où il n’en dise trop. Par où commencer pour le calmer ? Que dire et quoi cacher pour ne pas avoir de regret ? Enfin de compte il se rendit compte que depuis le début il agissait comme un parfait soumis, Ryan avait le dessus sur lui et lui se laissait minablement écrasé en se disant sagement « c’est se que je mérite dans le fond ». Non il fallait que ça s’arrête. Il lui devait des explications certes, mais Ryan n’avait pas non plus à se mettre dans un état pareil. Petit à petit Blake se sentait complétement idiot de s’être si rapidement fait marché sur les pieds et d’avoir laissé le blond gagner autant de terrain. Au moment où il tentait cependant de se défaire de l’emprise de son camarade, celui-ci lâcha étrangement ses poignets… Pour mieux le coller contre l’étagère. Blake avait le souffle court, comme si il sentait ce qui allait arriver, et tout était flou maintenant, étourdis par la situation et ce qu’il ressentait, il eut d’ailleurs un réflexe plus qu’étrange : poser ses mains sur les hanches de Ryan. Mais se rendant compte de cette grave erreur, il lâcha sa prise, laissant ses long bras bringuebalant dans le vide, impuissant.

Mais bordel, qu’est ce qu’il foutait ? Les yeux de Blake s’étaient légèrement écarquillé quand Ryan c’était collé à lui, remontant son haut. Il crut que son cœur allait exploser alors, et il aurait été bien incapable de dire quel sentiment prédominait l’autre dans son esprit. Attrapant a deux mains le poignet de la main qui caressait son torse, il avait l’impression que ses jambes allaient céder sous son poids d’un moment à l’autre. Est ce que ça lui plaisait ? C’était vain d’essayer de répondre à cette question tant c’était confus dans son esprit.

- J’ai jamais pensé ça Ryan bordel !

Et qu’est ce qu’il faisait si quelqu’un venait à les surprendre, hein ? Il avait une trouille pas possible maintenant, et honte aussi d’être comme… Excité par la situation. Il était perdu c’était officiel. Sa voix avait sonné comme une plainte, il lui semblait tout du moins, il ne percevait plus grand-chose, ne maitrisais rien. Sérieusement qu'est se qu'il lui prenait ? Il était complément idiot.

Fait le. Vas-y, une bonne fois pour toute !

Et toujours cette putain de voix qui lui assénait d’y aller. Alors maladroitement, il saisit le visage de Ryan, brulant d’envie de le rapprocher du sien, et pourtant dans l’impossibilité totale de le faire. Ca n’avait pas de sens, il ne pouvait pas faire ça. Qu'est se qu'il cherchait ? C'était quoi le sens dans tout ça ? Et puis son camarade avait quand même un peu plus tôt intenté quelque chose d'étrange, il se sentait complétement idiot de répondre à ce geste par ce qu'il s'apprêtait de faire.

- Merde...

C'est tout se qu'il réussi à dire alors que des larmes dégoulinèrent sur ses joues. Il fallait qu'il se calme, il fallait vraiment qu'il arrête ça. Lâchant le visage de Ryan, il vint essuyer les gouttes de sels qui avait tracé un sillon sur ses joues, reprenant sa respiration pour éviter que ça n'aille plus loin. Qu'est se que Ryan allait penser maintenant? Qu'il pleurait parce qu'il l'avait touché? Bon dieu non... Non il fallait qu'il soit honnête, qu'il lui dise. Et si Ryan allait raconter aux autres "j'ai voulu pecho Blake o'Hara entre deux rangés de livres et il s'est mis à pleurer comme une gonzesse" qu'est se qu'il allait faire hein? Rire amer, sourire figer.

- Merde, merde, merde... ! J'suis vraiment ridicule.

Fermant les yeux en basculant son visage vers le plafond en fronçant les sourcils, il tenta d'écarter Ryan mais renonça finalement. Il était peut être en train de vivre le truc qui serait décisif dans toute sa vie, le moment qui avait tout changer, la chose dont il se rappellerait pendant ses années, et ça, ça le faisait très largement flippé aussi.

Je venai de coincer Blake contre l'étagère imissant mes mains sous son pull sous ses yeux équarquillés. Décidément je tappai fort, mais rien à faire. J'avais décidé de le faire payer jusqu'au bout. Mais de quoi? Au fur et à mesure que les minutes s'écoulaient je perdai de plus l'idée de base. Totalement enfermé dans ma psychose je n'arrivai plus à agir avec discernement.
Je redescendis sur terre alors que les mains de Blake se posai sur moi. Furtivement. Ils retombèrent bien rapidement le long de son corps, totalement desarticulés. Je tentai d'ignorer ce détail mais son geste m'avait totalement pris au dépourvu. Ma main glissa de quelques centimètres sur lui. Je lachais celle dans son dos. Je me pris alors un quart de seconde à apprécier la courbure de son corps et la chaleur de sa peau douce et tendue sous mes doigts. Blake s'écria alors qu'il n'avait jamais pensé ça concluant sa phrase d'un bordel. Je sursautai, sa plainte me touchait, en même temps qu'il saisissait mon poignet pour que j'arrête de faire courir mes doigts sur son torse. Je le regardais médusé. Je ne m'étais absolument pas attendu à le voir s'exciter comme ça. Et à présent c'était à moi de me taire et d'endurer. Doucement le rapport des forces s'inversait. Qu'est ce qui clochait au juste? Si il n'était pas homophobe alors c'était quoi son problème avec moi?? Soudain, les doigts de Blake se refermèrent sur mon menton. Mes yeux s'aggrandirent encore alors que je comprenais enfin. Ses yeux rivés sur mes lèvres, les frissons que je ressentais et l'électricité entre nous. Je ne bougeais plus, attendant confirmation.
Rien ne se produisit, ses doigts relâchèrent mon visage. J'esquissai un nouveau geste, ne voulant pas qu'il s'arrête. Mais ses larmes me refroidirent immédiatement. J'avais été trop loin et si je ne me trompais plus, je l'avais peut être fais encore plus souffrir qu'il ne souffrait déjà. Je restai collé à lui, l'écoutant jurer. Honteux de ce que je venais de faire. Il tenta mollement de me repousser alors qu'il sombrait dans une déchéance nerveuse. J'étais responsable, il fallait que je l'aide. Je mêlai mes doigts aux siens, retrouvant mon ton doux et amical:

"Blake...tu... Je suis désolé. Toi? Je...je n'aurai pas cru."

En même temps quelqu'un avait déjà imaginé Blake gay?? Maintenant tout était clair. Il se cherchait et j'étais tôt ce qui l'effrayait. Il fallait que J'y aille doucement. Je ne le laissai pas réfléchir le tirant vers le bas pour l'asseoir contre l'étagère sans pour autant lui rendre son espace vital. Je me tenais près de lui, esquissant un sourire timide je tentait de le rassurer:

"Mec t'en fais pas je dirai rien de ce qui c'est passé par contre je pense que tu devrais m'en parler."

C’était quoi son problème ? Ryan avait tout de même été à deux doigts de le forcer à faire quelque chose, et lui en réponse avait été à deux doigts de l’embrasser. C’était tout sauf logique, si il avait eu un peu de raison il se serait débattu non ? Il ne se serait pas laissé faire pour vérifier si ça lui faisait quelque chose ou quoi que ce soit, si c’était encore possible il se dégoutait encore un petit peu plus. Aucune fille ne l’avait touché comme ça et lui aujourd’hui avait laissé Ryan balader les mains sur lui, certes il l’avait arrêté mais il s’en voulait d’avoir laissé le blond allé aussi loin. En soit il ne s’était pourtant rien passé de grave, mais c’était déjà trop et maintenant que son esprit redevenait un peu plus clair il le comprenait. Il avait honte, terriblement honte, et il fallait maintenant qu’il vive avec ce ‘moment en suspension’ partagé avec Ryan, et tout d’un coup il se demandait comment il allait bien pouvoir réagir en le voyant demain et tous les autres jours qui allaient suivre. Il allait peut être bien l’éviter de plus belle, il n’en savait rien, mais l’espace de quelque seconde il s’était passé quelque chose et ni l’un ni l’autre n’était en mesure de le nier. Une autre question le taraudait : Pourquoi Ryan avait fait ça ? C’était une drôle de manière de procéder quand même, rien ne justifiais vraiment son geste, il ne savait pas très bien ce qu’il espérait régler en réagissant de cette manière. Un homophobe l’aurait surement roué de coups non ? Ça devait être dans sa nature de jouer avec le feu, de venir jouer l’insolent, mais quand même… Blake qui était de nature vraiment réservé avait du mal à saisir.

Ils en étaient donc la, penaud, l’un comme l’autre ne sachant que faire. Ryan qui semblait cette fois avoir compris et embarrassé, et Blake… Blake ne savait tout simplement plus ou se mettre. C’était le moment où on avait envie de revivre la scène et de la recommencer de A à Z. Comment allait il se tirer de la ? Il était complétement grillé de toute manière. Et pourtant il était incapable de dire se qu’il ressentait, il était comme soudainement vide, son esprit était définitivement ailleurs comme si la scène l’avait épuisé moralement et physiquement. Il ne savait pas très bien si il rougissait de honte ou si il était pâle comme un mort, il était juste paumé. Définitivement paumé.

Il entendit Ryan se confondre en excuse, et ensuite avancer qu’il « ne l’aurait pas cru ». Cette phrase sembla réanimer le corps de Blake qui esquissa une sorte de mouvement nerveux, comme pour essayer de contredire le blond.

- Non, non te méprend pas… !

Il allait continuer de nier, c’était officiel. Il ne pouvait ni ne voulait croire que ça y est, il s’était prononcé, il était officiellement gay. Cette idée était juste insupportable.

Mais insupportable pour quoi au juste ? Blake n’avait jamais été homophobe, au contraire. Ses parents l’avait toujours invité a respecté les tendances d’autrui, surtout sa mère, son père était plus réservé sur le sujet. Lui-même pouvait défendre ardemment cette cause car il jugeait totalement stupide qu’on puisse brimer quelqu’un pour son orientation. Alors pourquoi être homosexuel lui posait tant de problème ?

Parce que je ne le suis pas !

Ryan l’invitait à s’asseoir, il s’exécuta et tâtonna alors le sol en espérant ne pas s’asseoir sur sa paire de lunettes abandonné plus bas un peu plus tôt. Il finit par mettre mains basses sur ses montures et se rappela de la remarque de Chris fait l’autre soir. « En fait sans tes lunettes t’es un peu beau gosse ! ». Pourquoi est-ce qu’il pensait à ça maintenant ? En tous les cas, d’un geste toujours un peu tremblant, il réajusta ses ray ban sur le bout de son nez avant de relever la tête vers Ryan. Ryan qui lui assura qu’il ne dirait rien, mais quand maintenant il fallait parler…

- Je sais même pas quoi dire la dessus, sérieusement.

Souffla-t-il, la gorge encore serré. Il secoua un peu vainement la tête, baissa les yeux vers ses mains avant de reprendre avec un espèce de sourire.

- Je pense pas l’être tu sais, enfin j’en sais rien, j’ai jamais été aussi paumé de ma vie dans ma tête la c’est juste du grand n’importe quoi. Tu sais j’ai même plus l’impression d’être vraiment moi, je découvre des trucs et… C’est pas moi ça, j’ai jamais ressentis ça… ! Alors c’est quoi ?

C’était tout sauf clair son discours, mais à vrai dire il ne pourrait guère faire mieux puisque le désordre régnait dans ses pensées. Mais ça y est, il en parlait, et c’était la première fois concrètement…

- C’est comme si j’avais tout foutu en l’air, je pourrai plus jamais être comme avant, et je sais même si j’en ai vraiment envie. Mais je peux pas assumer ce qui se passe dans ma tête la, les pensées que j’ai, je peux pas, c’est juste pas possible… !

Mais qu’est se qu’il faisait ? Pourquoi il se confiait ? Oui c’était la première personne à qui il en parlait mais… Mais quand même. Lui qui avait toujours cette réserve naturelle et qui parlait rarement de lui, quelque chose le dépassait complétement à cet instant mais une autre chose le rattrapait tout de même. Et puis il allait peut être involontairement vexé Ryan sans le vouloir... Il aurait juste voulu disparaitre, ça l'aurait bien arrengé.

J'avais agit comme un pur imbécile. Chaque larme qui dégoulinait de son visage, comme au ralenti, me le répétait. Un gros con. Voilà ce que j'étais. Je m'était comporté comme le dernier des imbéciles, sans m'en rendre compte j'étais devenu comme ces gens que je détestais. Je l'avais souillé, blessé, au moment ou il était le plus vulnérable. Brusquement j'eus envie de vomir. C'est mains qui l'avais fouillé, parcouru, violé... Ces mains étaient mes mains. Elles étaient toujours là, m'accablant de mon aveuglement, de la haine qui m'avait fait voir n'importe quoi. À présent je me sentais le bourreau de cette situation. Je me croyai contrattaquant courroucé mais je n'étais qu'un abruti de plus qui déchaînait ses pulsions sur la première victime qui passait. Il fallait que je fasse quelque chose. Pour lui comme pour moi. Je ne pouvais rester ce garçon. Ce n'était pas lui que j'avais voulu être.

Doucement je réalisai que mon combat n'était pas aussi juste que je le croyais. Je ne faisais que céder à ma propre psychose et ne parvenais plus à abstraire la moindre situation. À présent que cela revenais je percevais pleinement le malaise qui m'habitait. Je souffrai d'avoir impunément torturé Blake. J'esquissai un geste vers lui, m'excusant maladroitement avant de me justifier, par humanité, en avançant que je m'étais trompé sur lui. Mais en même temps que changerait mes excuses? Rien. J'ajoutai la phrase qui signifiait que j'avais enfin compris. Blake réfuta immédiatement, piqué au vif, je me méprennais apparement. Peu probable, je retrouvais mon instabilité en lui. Cette fois où j'avais compris que j'étais vraiment différent. Il avait besoin d'être compris et moi j'avais besoin de son pardon, de ne plus lire mon triste et véritable portrait dans ses yeux.
Je tentai donc une approche plus douce l'incitant à s'asseoir avec moi. Le rassurant sur la confidentialité de notre échange et lui conseillant de parler.

La première phrase coula difficilement. Le premier mot était toujours le plus dur à prononcé, d'ailleurs sa voix encore étranglée l'illustrait parfaitement. Il avait beau avoir dit qu'il ne savait pas quoi en dire, sans le savoir son problème venaitdeja de se concrétiser définitivement. Le déclic se faisait. Il secoua la tête avant de baisser les yeux, fixant un point. Ça y est il cherchait en lui, la suite n'allait pas tarder. En effet il reprit dune veix plus assurée un discours chaotique. La description actuelle du bordel qui se passant dans sa tête. Je n'intervenais pas. Il ne fallait pas briser son fil conducteur. Il reformula ses premiers mots, les faisant sonner en moi avec plus de justesse et de clarté. Une chose était sûre, il n'acceptait pas et ne voulait se résoudre à y croire. Quoi de plus effrayant que de se sentir anormal en ce bas-monde?

je retrouvais les habitude de psychiatre de mon père. Sauf qu'à la différence de Blake, je ne sentais chaque seconde plus proche de Blake, je voulais lui montrer que ce n'était pas aussi horrible quil se l'imaginait. Je voulais le rassurer, éclairer ses doutes et ses peurs. Je voulais le consoler, le guider, le serrer contre moi pour que tout son malaise s'évapore. Doucement je posais une main sur les siennes, captant son regard perdu. Je lui dis alors:

"Blake je pense que cette torture que tu t'inflige n'aura pas de sens tant que tu ne sera pas totalement fixé à ton sujet."

Je baissai les yeux réfléchissant à ce qui serai le mieux pour lui venir en aide. Lui expliquer ce que c'était qu'être gay ou d'abord vérifier qu'il l'était bien. Aucune idée. Je décidai donc de réagir sans réflexion de lui parler directement sans détour.
Je relevai brusquement les yeux vers lui, attrapant sa main plus fermement. Je le regardai droit dans les yeux la veux chargée d'émotions je lui assènai presque sur le ton de la supplication:

"Blake tu peux pas tout rejeter comme ça. Si tu es bien comme moi, tu peux pas tout repousser juste parce que ça t'effraie. C'est pas un mal d'être différent! Tu t'as vu me comporter comme un salaud alors je suis peut être plus vraiment à même de te convaincre, mais ça change rien! Si tu préfère les mecs ça ne change pas ce que tu es! Tu reste Blake, tu restes humain! Comme moi Ryan! Tout autant que les autres!, Je posai avec force sa maincobtre mon torse, à la place coeur, appuyant dessus mais doigts mêlés aux siens, Sent! il bat peut être pour des choses différentes mais il bat quand même! Comme le tien, comme tous!"

Je fermai la bouche ne relachant ni ma prise ne min regard, droit, franc, impliqué. Je voulais qu'il comprenne, juste qu'il comprenne...

Il ne savait pas bien ce qui lui faisait cet effet, si il s’agissait de la fatigue énorme qui lui était tombé dessus d’un coup, comme si toute pression l’avait quitté, ou bien si c’était le fait d’enfin se confier à quelqu’un, mais Blake avait l’impression étrange que tout ce qui se déroulait actuellement ne faisait pas vraiment partie du réel, qu’il n’y aurait aucune conséquences à ses faits et mots prononcé, comme si tout cela résultait un peu du rêve. Après avoir ressentis une énorme angoisse, tout c’était désintégré même si son cœur continuait à battre anormalement vite et résonnait dans son crâne. Comme si le film se rembobinait, il se revoyait dire ce qu’il venait d’avouer à Ryan en se disant que maintenant que les mots avaient été prononcé, il ne pouvait plus les effacer. Voilà, c’était dit, fait, point, plus de retour en arrière possible. Et c’était terriblement effrayant. Pour lui qui n’avait jamais réellement fait quelque chose dans sa vie, entendu quelque chose qui le marque profondément, vivre ça c’était presque douloureux. Blake ne connaissait pas l’adrénaline qui montait quand on s’apprêtait à faire quelque chose de dingue, il n’avait jamais fait ‘quelque chose de dingue’. Il se laissait transporter là ou on le voulait, n’avait pas d’emprise direct sur sa vie et n’en souffrait en apparence pas vraiment. C’était comme ça, c’est tout. Du coup, avoir conscience que ce qui se passait était important, se trouvait surement être un tournant dans sa vie, il ne savait pas vraiment comment l’accepter et le vivre.

En entendant de nouveau la voix de Ryan, Blake eu le réflexe d’aller le regarder avant de détourner de nouveau le regard, comme si il ne pouvait pas encore vraiment faire face à son interlocuteur.

Sa première phrase était criante de vérité. C’était quelque chose que lui-même se ressassait inlassablement. Cette torture était complétement imbécile, le problème c’est qu’il ne savait pas comment y mettre fin. Se fixer, certes, mais comment ? Blake n’avait jamais eu d’aventures avec une fille, ni un garçon, et c’était peut être très vieux jeu mais il ne voulait pas pour sa première aventure d’un « coup comme ça » pour vérifier de quel côté du terrain il jouait. Alors du coup, comment ?

Soudainement, Ryan saisis sa main et le fixa. Le sang remonta aux joues de Blake qui, n’osant pas encore regarder le blondinet, écoutait tout de même attentivement. Son camarade ne tarda pas a posé sa main sur sa poitrine, ce qui eut le don d’embrouiller encore un peu plus le garçon.

- Je sais bien j’ai jamais pensé le contraire, je veux dire je sais que c’est tout à fait humain j’ai jamais eu de problème avec ça, vraiment c’est juste… C’est juste que là c’est moi... !

Avalant sa salive, Blake repris sa respiration et se confronta enfin au regard confiant de son interlocuteur.

- Si je l’étais vraiment, je m’en serais rendu compte avant, non ?

Il ne savait pas très bien dans quelle optique il avait posé la question. Surement s’attendait-il à ce qu’on lui réponde ‘oui’ et dans ce cas ça aurait été très bien. Mais non. Ca n’aurait pas été ‘très bien’. Car il n’arrivait même plus à s’imaginer avoir une aventure avec une fille, ça lui apparaissait comme fade, sans saveur…

Parce que je n’y ai jamais gouté. Tout simplement ! Je sais pas ce que c’est, alors comment je pourrais dire que ça me plait ou non ?

Mais quelque chose n’allait pas dans ce raisonnement. Il était tellement épuisé nerveusement qu’il sentait qu’il allait de nouveau craqué si ça continuait.

- Ryan aide moi sérieusement j’en peux plus.

Lacha t'il d'une voix étranglé.

- J'arriverai jamais à accepter, c'est pas possible pour moi, c'est vraiment pas possible.

Resserrant ses poings et donc la prise qu'il avait sur la main de Ryan comme si il s'agrippait à son dernier espoir, il luttait pour ne pas s’effondrer. Mais c'était une réalité, il était arrivé à bout.

Je tentai de convaincre Blake, il ne voulait pas accepter le fait d'être gay. Pourtant, moi, je ne voulais pas comprendre qu'il puisse le refuser. Pourquoi? Où était le mal? Moi je l'étais! Et j'étais un mec comme les autres, amis, famille, passion. Je connaissais tout ça aussi! J'attrapai sa main, l'écrasant avec force sur mon torse, au-dessus de mon cœur battant. Je le regardai les yeux fiévreux, lui donnant ma manière de voir les choses, sans obstacles, sans doute, je laissais mes sentiments s’entremêler à mes mots, lui criant ma vérité.
Rien à faire, l'incertitude tenait fermement ses traits. Il était comme une biche prise au piège entre le ravin et le chasseur, qui choisir?
Il reprit alors la parole, il savait tout cela, il n'avait rien contre ce que je disais, seulement quand ça s'appliquait aux autres, lui ne voulait pas être inclus, faire partie de ce lot différent. Mon cœur se serrait. J'avais de plus en plus envie de le convaincre. Mais comment? Pas lui. Selon ses dires, ça ne pouvait arriver qu'aux autres.
Il me demandait alors après avoir déglutis s’il ne l'aurait pas su avant s'il l'avait vraiment été. Je fixai ses lèvres, tandis qu'il parlait avant de revenir à ses yeux pour lui répondre, lui relancer une question pour lui montrer que cette tentative de fuite était absurde:

"Tu ne crois pas que si tu avais été "normal", tu ne te poserais pas ce genre de question?"

Froide, sèche, une fois ma question dite je le fixai dans les yeux, imperturbable, l'incitant à peser chacun de mes mots. Si lui ne voulait pas accepter de l'être, je crois bien que moi, je ne pouvais accepter de le voir se forcer à le refuser. C'était idiot! Pourquoi? Mais pourquoi ne pouvait-il pas l'accepter?? Je ne me souvenais plus moi-même très bien de ma prise de conscience, mais une chose était sure, je n'affichais pas un tel refus catégorique. D'ailleurs je ne m'y étais jamais opposé... Ses raisons n'étaient donc pas claires à mes yeux, peut être le fait de se sentir perdu et plus vulnérable, après tout lui faisait sa crise alors que ses hormones étaient à leur apogée. Je n’avais pas vraiment de problèmes de ce coté. Mais là du coup j'imaginais bien ce qu'il pouvait ressentir. Tous les mecs avaient des besoins, et lui ne devait pas savoir comment les satisfaire. Par exemple le dilemme le plus simple. Quel sorte de porno acheter? Rien que ce détail sans-importance devait représenter une montagne pour lui.
Il lâcha alors cet appel à l'aide qui m'était destiné, la voix étranglée. Ce fut mon tour de déglutir. Je pouvais l'aider à savoir ce qu'il préférait, rien de plus simple...
La suite me déstabilisa d'autant plus, Il n'arriverait jamais à accepter, c'était impossible. Ses mots me blessèrent un peu plus. Mais l'aide qu'il voulait de moi était de le faire redevenir normal. Il ne voulait pas être sur d'être gay ou non. il voulait que je l'aide à ne pas l'être définitivement.
Il y avait bien une solution à ça. Il suffisait que je recommence à me comporter comme un bâtard avec lui, que je lui fasse croire ce que les catholiques intégristes pensaient des gays. Des démons tombés dans la bassesse du sexe, des créatures du diable.
Non. Je ne pouvais pas faire ça. Ce serait me renier. Et puis de toute façon je venais de lui affirmer le contraire. Je ne pouvais pas lui offrir ce qu'il me demandait. Je baissai les yeux un instant, alors que ses doigts se serraient aux miens, m'agrippant à la mesure de sa détresse. Il fallait que je lutte pour lui. Il fallait qu'il s'accepte. Il fallait qu'il n’ait plus peur. Je le regardai alors différemment, l'interrogeant du regard alors que je me rapprochais de lui de plus en plus prêt, la bouche entrouverte. Je risquai de le faire encore plus souffrir. Mais n'étais-ce pas là le prix à payer? Je m'arrêtais à quelques millimètres de son visage, mon cœur cognant plus que jamais contre ma poitrine, je tenais toujours sa main contre moi, alors il devait sentir les secousses. Je lui soufflais alors, les yeux désireux:

"Ne renie pas ce qui existe à cet instant"

Je baissai rapidement mes yeux vers ses lèvres, avant de les replonger dans les siens. J'allais imploser c'était certain. Plus je le regardais, plus je ressentais le gâchis que se serrer de le laisser se blesser, et celui de lui prendre ce qu'il ne voulait pas offrir. Il était beau en fait. Et l'envie de le serrer contre moi devint plus forte.
Je décidai alors de franchir la barrière...

Non. Il était normal de se poser cette question un jour, il l’avait lu ça. Personne ne pouvait affirmer ne jamais avoir eu de doute un jour de sa vie sur ce sujet, n’est-ce pas ? Il était presque sûr que personne n’y avait échappé. Et lui maintenant, c’était différent, c’était juste une obsession, de la curiosité, enfin un ‘truc’ qu’il ne saurait pas expliquer. Point. Refus catégorique de croire à un ‘autre chose’ et du coup il se disait que si il le refusait avec autant de violence, c’est qu’il ne l’était peut-être pas vraiment homo et qu’au fond il le savait. Mais il fallait qu’il y pense, constamment, comme un TOC d’ailleurs pour lui s’en était un. Obsession compulsive du comportement, précisément. Il l’avait lu bordel, il l’avait lu… Il avait juste besoin d’entendre « oui tu es malade Blake, tout ça c’est dans ta tête, tu vas guérir ». Et ce n’était pas de l’homophobie, loin de là, il le répétait. C’est juste qu’il avait l’impression de perdre une partie de son identité en mettant son orientation en doute, il n’aurait su l’expliquer concrètement mais c’était là.

Pourquoi avait-il demandé de l’aide à Ryan ? Après le désarroi, il commençait à prendre conscience des choses, se réveillant petit à petit de son état comateux. Dans quoi était-il en train de s’embarquer, il n’en savait foutrement rien, la situation lui échappait totalement et si il était auparavant paumé, maintenant c’était le chao totale dans son esprit. Si près du but de se dire « Soyons honnête, oui je le suis » il se persuadait avec véhémence qu’il se plantait complétement. Comme à chaque fois… Blake o’Hara c’est quoi ton problème au juste ? Quel type d’aide demandait-il vraiment à Ryan ? Qu’est ce qu’il cherchait au juste ? Qu’espérait-il ? Peut-être que depuis le début il voulait que le blond lui dise « Mais oui Blake, pas d’inquiétude tu n’es pas gay » mais que ça ne c’était finalement pas passé du tout comme ça… Et puis peut être… Peut-être que comme Ryan était homo, il ne ferait pas en sorte de lui dire qu’il était hétéro. Mais à quoi il pensait la ? Non, il voulait avoir confiance en son camarade, il se dégoutait de penser que Ryan pouvait faire ça d’un point de vue intéressé, ce n’était pas le cas il en était sûr, du moins se persuadait d’en être sûr.

Pourtant, il était là, dangereusement proche de Ryan et il ne bougeait pas. Caché derrière une rangé de bouquins que personnes ne consultaient. Et petit à petit son cerveau commençait comme sortir du brouillard et faire des connexions qu’il n’avait pas fait plus tôt. Et puis… Sans vraiment qu’il ne le réalise, le visage de Ryan était maintenant à quelques millimètres du sien.

Alors il n’eut plus aucune connexion, c’était comme un grand trou noir dans son esprit. Il ne sentait plus que les battements de cœur de Ryan qui maintenait sa main contre sa poitrine, à moins que c’était les siens qui venait frapper violement ses tempes. En tous les cas il ne bougeait plus, fasciné et effrayé, il savait ce qui s’approchait mais il ignorait complétement si il voulait l’éviter ou non. Il entendit vaguement ce que Ryan lui murmura, phrase digne d’un film en accord avec une scène qui lui paraissait totalement surréalistes. Lui, Blake o’Hara, était à deux doigts d’échanger son premier baiser avec Ryan Wade ? Mais qui était le scénariste de cette affaire ?

Seulement il n’eut aucun reflexe, ni celui de détourné le visage ni celui de s’avancer, seulement celui de fermer les yeux et de voir ce qui allait arriver. Les lèvres de Ryan se posèrent contre les siennes et son cœur rata un battement mais il ne sut pour quel raison. Mais bientôt il n’eut plus qu’une question clair qui s’imposa en lui, et ce n’était pas « Alors, verdict ? » c’était « A quoi tu joues bordel ? ».

Blake rouvrit les yeux à l’instant, comme un soudain retour à la réalité et qui lui fit prendre conscience en même temps du plaisir qu’était en train de lui procurer ce baiser. Le rompant, le garçon recula quelque peu, la main toujours posé que la poitrine de Ryan.

- Désolé Ryan.

C’est la seule chose cohérente qu’il réussit à bredouillé, avant qu’un espèce de sourire confus vienne se dessiner sur ses lèvres sans qu’il ne l’ait commandé.

- Je ferais mieux d’y aller la maintenant… Pas contre toi, vraiment pas ! Mais… Réfléchir, dans mon coin…

Son débit de parole c’était accéléré et ses phrases achée lui rappelait les structures de phrases d’Edward Bond. Oui sauf qu’il n’était pas dans une pièce de théâtre, et il venait vraiment d’embrasser Ryan dans la bibliothèque…

- Va pas penser que je suis un connard, s’il te plait.

Attrapant son sac alors que son autre main était maintenu par Ryan, il osa le regarde une nouvelle fois en face avant de lâcher.

- Si hein, je suis un véritable connard pas vrai… ? Enfin c’est pas le mot, un pas doué, ouai je suis plutôt un abrutit fini, je sais pas pourquoi j'ai fait ça, et il faut que j’arrête de faire le soumis aussi c’est insupportable, bordel… ! J’arrête, j’arrête… !

Dit il en ayant un espèce de rictus nerveux comme pour jouer la fausse décontraction, plaisanter un peu sur son cas désespéré. Mais il n'y avait rien de drôle, il était allé plus loin que prévu, et il flippait complétement. Oui arrête Blake o'Hara, tu t'enfonces...

Ok. Quand il croisa le regard de Ryan, quand ce dernier lâcha brutalement sa main, il fut pris d’un affreux sentiment, ou plutôt un mélange de sensations détestable. La culpabilité en tête, la honte qui suivait de près, le malaise, le dégout de soi, l’effarement aussi, car de toute évidence il ne réalisait pas. Il restait donc la, a moitié accroupi, pâle, à fixer le regard noir que lui jetait Ryan. C’était bien connu Blake avait une peur inconditionnel des conflits, c’est pourquoi il les évitait à tout prix. Il essayait toujours de sauver les meubles avec l’humour, mais là, l’humour lui serait totalement inutile. D’accoutumé il baissait la tête, ou s’en allait, bref, il n’avait pas une bonne repartie on pouvait donc aisément le considérer comme une victime. Cependant, il avait de la chance, il ne s’attirait que rarement des ennuis et peu de gens le prenait en bouc émissaire, d’accoutumé il laissait les gens plutôt indifférent et ça lui convenait très bien. Il faisait sa vie avec Chris, tout allait pour le mieux, et bien que quelques idiots du style Pete Eastwood viennent lui chercher des noises sans qu’il n’ait rien demandé, il était loin d’être le vilain petit canard de la classe sur qui tout le monde frappe. Bref, Blake était passablement banal.

Mais là il sentait qu’il était allé trop loin. Lui déjà, se sentait terriblement mal à cause de ce baiser échanger avec Ryan, le premier, tellement mal que s’en était presque douloureux. Pourquoi ? Sur le coup il n’aurait pas vraiment sur l’expliquer. Oui sur le moment c’était bien, oui sur le moment il s’était passé quelque chose, mais maintenant avec le recul et se demandait sincèrement ce qu’il lui avait pris. C’était peut être la première fois de sa vie qu’il prenait une initiative, prenait une direction, et maintenant il le regrettait amèrement. Valait-il donc mieux se laisser entrainer par le courant ?

Il s’en voulait aussi d’avoir entrainé Ryan la dedans. Presque de s’être confié si facilement à lui, il ne savait pas pourquoi mais quelque chose lui disait qu’il n’aurait pas dû tandis qu’une autre partie lui assurait que c’était la bonne chose à faire. Seulement à cet instant le négatif primait. Finalement c’était peut-être mieux de rester seul avec ses démons, de s’accommoder de ses problèmes, et de finir par les accepter et vivre avec. Evidemment, quelques minutes auparavant Blake n’aurait JAMAIS pensé ça. C’était le fait d’avoir ‘passé le cap’ qui lui faisait penser qu’avant, c’était peut-être pas si mal, alors qu’il y a quelques secondes de cela il implorait qu’on l’aide parce qu’il n’en pouvait plus. Ce qui était une réalité. Il était totalement paradoxale, ou complétement abruti, au choix.

Du coup, Blake tremblait nerveusement, une sensation bizarre qu’il avait déjà ressentis mais il n’aurait pas su dire quand. Il aurait bien aimé appuyer sur ‘stop’ voir ‘retour en arrière’ on réenregistre la bande. Avec se qui venait de se passer il se reconnaissait encore moins, il ne savait foutrement pas qui était celui qui l’avait poussé à participer au baiser de Ryan, ça ne pouvait pas être lui, si ? Il n’était pas schizophrène jusqu’à nouvel ordre. Bizarrement, et ce fut la première fois depuis un moment, l’image de Chris lui vint en tête. Allait-il parler de ça à son meilleur ami ? Impossible.

Bon dieu il était vraiment un sinistre enfoiré… Il avait vraiment la sensation d’être le ‘méchant’ de l’affaire. Si ça continuait il allait vraiment se rendre malade. Vaguement l’idée d’une balle dans les tempes lui revint en tête, la dernière fois qu’il avait pensé à ça, c’était chez Chris, la dernière nuit qu’il avait passé chez lui. Il serait incapable de le faire, surtout qu’il était bien trop attaché d’une manière incompréhensible à la vie, mais il avait tant besoin que son désordre intérieur prenne fin qu’en terminé lui apparaissait des fois comme solution. Solution d’une lâcheté incroyable, mais n’était pas le plus grand lâche de l’affaire.

Blake s’apprêtait à reprendre la parole, pour dire quoi, il n’en savait rien, mais pour dire quelque chose. Seulement il n’en eu pas le temps. Ryan venait de se lever et le surplombait maintenant, et c’est lui qui brisa le silence. Et là, ce fut dur.

Blake encaissa comme abasourdis tous les dires de Ryan, figé, incapable de répondre. Anéantis définitivement. Baffes sur baffes, les phrases de son camarade venait le déchirer un peu plus l’une après l’autre. Quelqu’un de fort se serait surement dit « mais qui est ce type pour me dire des horreurs pareil ? » quelqu’un qui sait ce qu’il vaut lui aurait ri au nez, Blake était faible, et avait piteuse opinion de lui-même. Par conséquent… Il venait d’être radicalement détruit. Seulement, la colère grimpa, doucement mais surement, et bien vite il sentit son corps brulé, fou de rage. La fatigue, le stress, tout participa à cet instant pour que Blake ne devienne complétement dingue, serrant les dents, respiration difficile, le binoclard siffla abasourdi.

- Mais t’es pas bien… ?

Il essayait de comprendre pourquoi Ryan avait eu une réaction aussi violente, lui qui il y a deux secondes avait des paroles si réconfortantes, mais il n’arrivait pas à faire le lien. Quand bien même Blake avait eu une réaction déplacé, il pensait que Ryan avait compris qu’il était troublé, et surement cherchait il a se qu’on l’excuse d’être aussi maladroit.

- Non mais sérieusement t’as vraiment un problème… !

Repris t’il un peu plus violemment mais en gardant à l’esprit qu’ils étaient dans une bibliothèque. Et quand bien même la colère montait il tentait de la contenir. Le seul geste, totalement inutile, qu'il eu pour éviter d'exploser, fut de balancer violemment son sac alors qu'il le tenait toujours dans ses bras.

Il se trouvait pourtant dans une situation délicate, se mettre Ryan a dos... C'était la dernière chose à faire. Maintenant qu'il était au courant de son 'secret', le perspective qu'il puisse le reveler à autrui lui donnait le tourni. Alors quoi? S'excuser? Non... Pas après ça. Ca serait d'une faiblesse sans egal, et pourtant il était à deux doigts de le faire.

Il était donc la, tremblant, venait de lancer son sac un peu plus loin sous l’effet de la colère. Geste totalement inutile oui… Peut-être un moment avait-il espéré atteindre Ryan, mais le projectile retomba lourdement sans atteindre sa cible. L’espace d’un moment il eut un espèce de sursaut en se rappelant qu’il y avait peut-être son ordinateur portable dedans mais vite il se rassura : Non il ne l’avait pas pris aujourd’hui, il ne le prenait jamais quand il avait sport. Il ne sut pas bien pourquoi cette idée tout à fait hors sujet était venu le perturbé à un moment si critique, mais c’était un fait l’espace d’un moment il avait eu une pensée pour son ordinateur… Pensée qu’il chassa très rapidement cependant puisqu’il avait réponse et que donc le souci était réglé. Ce qui était loin d’être le cas de se qui était en train de se tramer. Ryan avait touché tous ses points faibles et autant dire que ses mots l’avaient profondément blessé. La colère grimpait en lui et il sentait le feu lui monter au joue, mais pas parce qu’il était embarrassé cette fois ci.

Seulement, il était totalement incapable présentement de répondre la moindre chose un tant soit peu cohérente. Tout se mélangeait dans sa tête, il y régnait le chao le plus totale, un truc insupportable. Mais il bouillonnait, si bien qu’il se demandait si quelque chose n’allait pas éclater dans son cerveau. Il contenait tant de chose depuis si longtemps que jouer avec ses nerfs de cette façon était plutôt dangereux. Le problème ? Comment réagir. Si il se mettait à parler, il risquait de hurler des conneries, user des poings était idiot bien qu’une envie singulière lui donne envie de frapper Ryan en ce moment, et jamais, grand jamais il n’avait ressentis un jour ça… Il était loin d’être bagarreur, et il imaginait d’ici le ridicule du combat. Alors quoi ? Se taire, comme d’habitude ? Encaisser ? Cette fois ça lui paraissait inconcevable. Et déjà le blond revenait à la charge…

Ce dernier venait d’agripper son col, approchant son visage du sien. Brutalement comme une prise de conscience tombé de nulle part, il se rappela qu’il avait embrassé ces lèvres, qu’elles étaient les premières à avoir approché les siennes, et il se dégouta un peu plus de l’avoir échangé cette chose précieuse avec ce type qui lui scandait clairement qu’il était une sous merde. Et il ne comprenait pas pourquoi l’autre semblait intarissable de reproche à son propos. Ne faisant que nourrir un peu plus sa colère, le calme Blake commençait à n’en plus pouvoir, si bien que brutalement il se saisit de Ryan avec une violence qu’il ne se connaissait pas, le projetant en arrière avec force.

- Putain mais qu’est-ce que tu cherches ?!

Maladroitement, et parce qu’il ne contrôlait pas vraiment ses gestes, il ré agrippa Ryan en se mettant au-dessus de lui, serrant ses poings de toute ses forces sur le col du blond. De grosses larmes de rages menaçaient de nouveau de couler sur ses joues, mais il les retenait aussi, fulminant.

- J’en ai rien à foutre de toute manière de ce que tu penses ok ?! T’es qu’un pauvre type, un sinistre connard qui se croit plus malin que les autres ! T’es pas plus malin que les autres Ryan… ! J’espère que tu t’es bien éclaté à me bousiller, j’imagine que… Que t’as du te sentir fort la ! Supérieur ! Enfoiré… On peut vraiment faire confiance à personne dans cette vie de merde hein ?

Conclut t-il en se relevant brutalement, laissant Ryan au sol, s’empêchant ainsi de faire une connerie. Il n’avait aucune repartie, aucune argument, alors il jurait, alignait les basses insultes, parce qu’il était incapable de dire quoi que ce soit d’autres. Détournant la silhouette allongé de son camarade, Blake se saisit violemment de son sac et fit basculer le poids derrière son dos avec une telle violence qu’il faillit en basculer en arrière. Ça aurait été le comble du ridicule. Et de nouveau… Il fuyait. Prêt à s’engager dans l’allée principale de la bibliothèque, délaissant derrière lui Ryan, a moins que celui-ci ne le rattrape ou tente autre chose. Et dans ce cas-là, Blake craignait de ne plus vraiment répondre de lui-même.

Il n’en revenait pas lui-même, se mettre dans cet état ne lui ressemblait tellement pas que cela participait au fait qu’il ne se comprenait plus. Il était furieux, contre Ryan évidemment, mais aussi contre lui. Sa repartie minable et ses phrases idiotes qu’il avait prononcées… Il y avait de quoi rougir tant c’était ridicule. Il avait juste une envie c’était de se retrouver seul, de mettre un terme à cette sale journée, de se poser et de pouvoir réfléchir en paix à tout ce qu’il venait de se passer. Cependant, des pas précipités derrières lui lui firent comprendre que Ryan ne semblait pas l’entendre de cette manière. Par réflexe il se retourna au même moment où il sentit la lanière de son sac glisser sur son épaule : son camarade venait de se saisir de sa besace et retournait à l’autre bout de allée sous le regard médusé de Blake.

Le binoclard restait là, bras ballant. Il avait juste esquissé un geste – un peu brutal – pour tenter de récupérer son sac, c’était avancé vers le blond pour le récupérer mais voyant ce que son camarade était en train de faire, il s’était arrêté, fronçant les sourcils avec une expression d’incompréhension totale.

Grosse blague. Qu’est-ce que c’était que ce délire ?

Seulement Blake perdait patience, et très sincèrement cette situation qui le dépassait commençait sérieusement à l’échauffer. Il n’arrivait plus du tout à suivre Ryan, avait l’impression que ce type changeait de masque au gré de ses envies, et donc qu’il se foutait carrément de sa gueule… C’était du moins l’impression que lui renvoyait le petit jeu du garçon, et ça, ça ne lui plaisait pas. Du tout.

Alors comme ça ils n’avaient ‘pas fini de s’expliquer ?’ Là, il n’en pouvait plus. Il n’arrivait pas du tout à comprendre à quoi Ryan jouait, ou il voulait en venir, ce garçon ne faisait que de le plonger un peu plus dans le chao le plus totale, Blake était à deux doigts de quitter les lieux en lui laissant son sac mais il ne pouvait pas vraiment y consentir. Non, il allait bouger Ryan et c’est tout. S’avançant avec détermination vers le blond, celui-ci repris cependant la parole ce qui ne le stoppa pas dans son élan pour autant. Il écoutait cependant ce que l’autre lui disait mais arrivé face à lui, Blake attrapa le bras de Ryan brutalement.

- Je fais ce que je veux hein ? Mais qu’est-ce que tu voudrais que je fasse ?

Et c’était une véritable question. Il avait l’impression que Ryan tendait un bâton pour qu’on le batte, limite qu’il cherchait à ce que Blake le frappe vu ce qu’il lui avait balancé à la figure sans raison particulière, sinon qu’il ait eu une réaction de recul devant un baiser qu’il l’avait mis mal à l’aise. Et il y avait de quoi, non ?! Déglutissant avec difficulté, et luttant avec difficulté contre la rage qui s’était saisis de lui, la voix étranglé par la colère cette fois, Blake repris de nouveau à voix basse en sifflant entre ses dents.

- Sérieusement Ryan tu cherches quoi ?

Il rajouta presque à la suite bien qu’il ne sut pas vraiment si il aurait dû.

- Je sais pas franchement, mais si t’essayes de m’aider, ben sache que ça m’aide pas du tout.

Il doutait cependant que ça ne soit ça, mais… L’idée lui avait traversé l’esprit un moment. Il regretta bien vite d’avoir prononcé cette dernière phrase, comment un mec qui venait de vous dire que vous étiez un moins que rien pouvait avoir fait ça dans le but de vous tendre la main ? Mais le fait que selon lui la ‘conversation n’était pas terminé’ le laissait perplexe.

- Bouge maintenant.

Ordonna-t’il en tirant un peu plus sur sa prise pour tenter de récupérer son sac.

Place à l’incompréhension, bienvenue sentiment je te laisse m’habiter tout entier. Blake restait maintenant pantois devant le blondinet qui venait de confirmer un doute qui l’avait traversé : Oui, il avait fait ça pour « l’aider ». Et la, ce fut le grand carnaval des émotions chez le geek… Tout d’abord, il se sentit con. Con de ne pas avoir compris plus tôt ou le danseur voulait en venir, et il s’en voulut de l’avoir traité aussi mal, d’être « tombé dans le piège ». Blake avait l’habitude de tout se reprocher, de se dire qu’il était fautif, en bonne victime tout à fait soumis qu’il était… Et puis finalement il se dit qu’il n’était pas non plus en tort. Qu’est se que c’était que cette façon d’aider ? Comment aurait-il pu de toute manière comprendre que c’était pour l’aider ? Ryan l’avait démolie au sens propre du terme, avait enfoncé ses doigts dans toutes ses blessures douloureuses, alors qu’est ce que c’était que cette manière d’aider les gens ? Là il ne suivait plus, et il s’autorisa de se pardonner de ne pas avoir compris tout de suite ou voulait en venir son camarade, tout simplement parce que le raisonnement et la manière d’agir de ce dernier était profondément illogique… Tout ce qu’il put répondre cependant à ce « Idiot… Je veux juste t’aider. » ne fut ni une insulte ni rien qui puisse y ressembler, Blake lâcha seulement d’une voix encore un peu tremblante de colère, mais cherchant à se maitriser.

- Ah… ! Bien… Très bien.

C’est tout ce qu’il trouva à dire sur le coup alors qu’il passait une main sur son visage. Qu’est-ce qu’il faisait encore la ? Il se le demandait. Il se tenait la face à celui qui l’avait insulté en vue de l’aider, il tremblant et il n’avait définitivement aucune emprise sur ce qui se passait autour de lui. Il voulait juste que ça s’arrête mais apparemment c’était trop demander… Il avait l’impression de se faire manipuler comme une pauvre marionnette et il haïssait ça au plus haut point. Lâchant Ryan, Blake détourna le regard, agité, avant de fixer le sol alors que son camarade reprenait la parole pour présenter… Des excuses.

- Non, je l’avais pas compris non, à vrai dire c’était franchement pas très clair et complétement tordu La prochaine fois prend soin de me le dire avant histoire que je le prenne pas aussi mal.

Répondit-il tout de go à voix basse, comme pour lui. Tentant à nouvelle fois de convoquer l’humour pour se sortir d’une situation délicate…

Il y eu alors un silence, et quand Blake releva la tête, il croisa le regard azuré de Ryan qui le scrutait. Il se maudit de sentir le sang lui monter aux joues, gêné il détourna de nouveau le regard alors que le baiser échanger il n’y avait de cela que quelque minute lui revint en mémoire. Qu’est se qu’il avait fait… ? Et pourtant oui ça avait été terriblement agréable malgré le fait qu’il n’ait lui pas vraiment réagis, répondant plus dans une sorte d’automatisme maladroit gouverné par quelque chose qui avait pris possession de lui à ce moment. Il se sentait tellement honteux d’avoir cédé, et les jours à venir seraient surement pire…

Ryan repris la parole avec plus d’insistance. C’est à ce moment-là qu’il se rendit aussi compte qu’il tenait toujours fermement le bras de son camarade et il desserra un peu l’emprise, écoutant les paroles du blond.

- Ryan… C’est très sympa tout ça, vraiment bourré de bonne intention j’imagine… Et je sais c’est moi qui t’ai demandé de l’aide en plus… Mais là je me dis peut être que je suis pas prêt tu vois ? Pas prêt à me décider encore, j’en sais rien, pour le moment pour moi c’est trop dur tout ça, ça me surpasse. Ca fait con de dire ça mais c’est le mot je crois… ! Je sais même plus vraiment là, je voudrai juste que ça s’arrête parce que là je comprends plus rien à ce qui se passe.

Une nouvelle fois, il tenait le même discours, il tournait en rond et continuerait de tourner en rond, c’était désespérant d’entendre que rien n’allait finalement changer.

- En fait tu sais t’as raison, y’a pas plus lâche que moi dans le genre, tu vois ! Je suis pas bien, mais si je regarde la vérité en face ça sera peut-être encore pire. Peut être qu'un jour je saurais répondre, mais je pense pas que ça soit aujourd'hui...

Lâchant le bras de Ryan, mais Ryan tenant toujours le sien, il l’invita à faire de même en esquissant un petit mouvement sans savoir si le blond allait le lâcher ou non.

Un lâche oui c’était bien le mot. Un pauvre couillon aussi dans d’autres termes… Il s’était fait insulter de tous les noms mais il restait la tellement calme, se laissant totalement écraser malgré certes un petit effort à se défendre un minimum. Oui, certes, il savait maintenant que Ryan n’avait pas fait ça par plaisir mais pour l’aider, mais quand même, pardonner si facilement, passer à autre chose en un claquement de doigt (en apparence) peu de gens à cette époque le faisait. Non Blake n’était pas rancunier et avait tendance à vouloir vite effacer ce qui l’avait blessé sans avoir conscience que, si il faisait ça pour se protéger à la base, il se détruisait dans le fond car garder tout ça pour lui n’était certainement pas une des meilleures solutions. De toute manière d’accoutumé il n’avait pas à faire face à des situations si difficile, il vivait sa petite vie tranquille et sans embuches, sinon ses pensées qui le torturait mais ça c’était un mal qu’il s’infligeait lui-même, ce n’était pas autrui qui lui balançait des horreurs à la figure.

Alors qu’il avait le regard passablement plongé dans le vague, la prise de Ryan se fit un peu plus rude et il releva automatiquement son regard vers son camarade, saisit soudain par son air grave. Et sa question résonna étrangement en lui… Il ne réussit pas à y répondre dans un premier temps alors qu’il continuait de regarder Ryan en silence. Le blond repris alors, et lança sur le tapis et ce pour la première fois dans la conversation, le sujet qui allait faire mal : Chris.

Ses yeux s’assombrirent, re baissant la tête et replaçant ses lunettes sur le bout de son nez en les poussant avec son index, Blake se devait de répondre à la question de son interlocuteur. Réponse clair et pourtant difficile à dire, étrangement…

- C’est ça.

Avoua-t-il avec un espèce de petit sourire désespéré en relevant la tête.

- T’as mis le doigt dessus Ryan. C’est le regard des autres, et celui de Chris avant tout. Et ne va pas me dire qu’il m’acceptera quoi qu’il arrive, je le sais ça forcément, je sais comment il est mais… Quand même… Ça sera plus pareil.

Cette conversation était une véritable montagne russe, et il n’avait décidément pas l’habitude de monter dans cette attraction. Blake était quelqu’un de plutôt sensible, or depuis le début il était à fleur de peau et la moindre chose risquait toujours de le faire éclater. Mais il se retenait, comme toujours.

- Et puis qu’est-ce que je raconte, je parle comme si je savais déjà la réponse… Alors que merde non la réponse je l’ai pas, je sais pas ce que je suis.

Et c’était grave ça, ne pas savoir qui on était… C’était aussi ça son problème comme il l’avait d’ailleurs exprimé plus tôt aussi : Il ne savait plus maintenant qui il était, il avait l’impression d’être un autre, de ne plus du tout se comprendre.

- C’est con hein… Je pense aux autres, à ce que vont penser les autres, avant de penser à moi… Et j’en ai conscience de tout ça je t’assure… ! Mais qu’est-ce que tu veux, je suis pas encore assez fort pour assumer quoi que se soit.

Et qu'est ce que Ryan pouvait répondre à ça ? Blake passait son temps à se descendre, il ne savait pas vraiment se que son interlocuteur pouvait lui rétorqué à part qu'il était désespérant. Mais malgré tout l'écoute de Ryan était importante parce qu'il restait le premier à qui il avait avoué tout ça...